mardi 23 décembre 2008

Mis à la porte du pays Dogon !

Arapia djili ma ? (Comment s'est passée la journée ? En dogon ;o) )

Me revoilà, un peu plus tôt que prévu, à vous donner quelques nouvelles ... de Mopti ! Mopti ?? Et oui, nous sommes de retour dans la ville carrefour du fleuve Niger, après un départ un peu précipité de notre petit village du fin fond du pays dogon, dans le cercle de Bandiagara.

D'accord, j'arrête de torturer votre curiosité :

Nous étions donc à Mono Bondo, à 30 km de Bandiagara, un joli village bien enfoncé dans la brousse, et quelque peu difficile d'accès avec notre brave camionnette. Notre intégration se passe très bien, nous sommes aidés par Amou, un dogon qui travaille comme animateur de village (non, ce n'est pas un GO malien qui crie « Pip pip ! Ouais !!!!» à chaque fois qu'il voit quelqu'un et qui essaye de motiver les femmes du village à venir participer à son cours d'aquagym ...) en venant faire des sortes de cours d'agriculture, de santé, d'alphabétisation ... On nous explique que nous allons travailler avec un groupe de 14 filles d'une quinzaine d'années qui reviennent tout juste d'une formation en aviculture à Bandiagara. Parfait, rendez vous est pris pour le lendemain matin 9h, les filles doivent aider leur mère de 6h à 8h à piler le mil.

Le lendemain, les filles sont à l'heure et on commence les exercices. Échauffement physique très très timide, elles ont du mal à faire tourner leur tête pour échauffer leur cou ... puis on passe aux jeux de présentation, certaines d'entre elles commencent peu à peu à se lâcher, on rigole bien. On fait alors une pause et on demande aux filles de revenir 10 min plus tard. On boit un coup et on attend le retour de nos petites « élèves ». Au bout de 40 min, Amou se décide à aller les chercher, et en revenant avec le groupe, il nous explique que les mères ne veulent plus que leurs enfants participent à nos activités. On organise donc une réunion dans l'après midi avec les mères, Amou et un homme du village qui nous aide à traduire en dogon. Toute la réunion se passe entièrement en dogon, ça à l'air de s'énerver, des femmes vont, viennent, on croit comprendre qu'il y a un chef à qui les 2 hommes parlent, et tout d'un coup, 5 femmes s'en vont. C'est la fin de la réunion. Amou vient nous voir et explique : « Les mères refusent toutes de laisser leur fille participer à votre projet. Elles disent que vous faites des jeux pour essayer de ... voir leur sexe ... ». Et là, le ciel nous tombe sur la tête. On rentre chez nous complètement abasourdi, dans l'incompréhension la plus totale. Comment est-ce qu'on a fait pour tomber aussi bas ? Et cette accusation est tellement aberrante ! Nous étions entourés de tous les enfants du village, de plusieurs hommes qui revenaient du champ, encadrés par Amou, une personne de confiance, et Amadou, le président des jeunes du village ...

Le lendemain, on se demande si les filles vont malgré tout revenir, on perd espoir mais elles arrivent toutes à 11h30 ... et après quelques questions, on comprend qu'elles ont été renvoyées de force par leurs mères, qui avaient compris qu'elles étaient allées beaucoup trop loin hier, pour qu'elles même nous donnent des raisons de refuser le projet. C'est le coup de grâce ! On range nos affaires, on dit au revoir au chef du village et aux hommes qui nous ont aidé et on quitte le village aux aurores. Voilà, fin de l'histoire du projet ARA au pays Dogon ...

On profite d'être à Bandiagara pour aller voir un village de la fameuse falaise, un village où les habitations sont construites dans le creux de la falaise et côtoient les anciennes habitations des Tellem, une ancienne ethnie du Mali.

Et maintenant, nous sommes de retour à Mopti, un peu au chômage technique. Notre projet n'est pas adapté aux grandes villes, les villages environnants sont pourris par le tourisme ... Alors nous avons décidé de proposer notre aide et nos compétences à quelques associations de la ville, pour leur donner un coup de main en gestion de projet et autres domaines.

Décidément, le Mali ne nous porte pas dans son cœur ! Tant pis, au moins, nous n'aurons pas à faire 40 km de piste de brousse pour trouver des chips, une bouteille de vin et des yaourts pour Noël ! :o)

La suite au prochain épisode.

Bisous déçus. Romain.




lundi 15 décembre 2008

Pour les élèves du lycée Schwetzer :

Depuis une semaine, nous dormons dans la cour d'une école qui va du CP à la 3ème. Nous avons donc rencontré le professeur responsable de la 4ème pour lui parler d'un partenariat possible entre vous et eux. Le prof nous a donc donné ses coordonnées. Si vous pouviez les transmettre à M. Bréant : Laurent Ali Douyon, Ecole Georges Berstch à Mopti. 00 223-7516-31-62.
Il n'a pas d'email, il faut donc écrire sur l'adresse d'un de ses collègues en mettant pour objet "pour laurent douyon". idrissaguindo2@yahoo.fr
Voilà, nous décollons dans 10 min, j'espère que vous arriverez à tisser les premiers liens d'un partenariat pendant les vacances.
Avant de raccrocher, une petite anecdote : j'ai parlé au professeur d'échanges de courriers, de dessins, de contes ... et il a rajouté "et des visites aussi !"... Il est motivé pour vous recevoir, et si vous en avez l'occasion, bougez vous et foncez ! En plus, Mopti est une ville vraiment magnifique !
Allez, @+ les djeuns !

La suite au prochain épisode.
Bisous bien baveux. Romain.

vendredi 12 décembre 2008

Aux portes du pays Dogon...

Bien, quelques nouvelles !

D'abord. Anisou, tout le monde (c'est du bambara, la principale langue du Mali) !

Voilà, après notre étape à Kayes, nous avons rejoint Bamako pour 2 jours. Route un peu fatigante, mais bien plus belle que toutes celles qu'on a rencontré au Sénégal ! On arrive à Bamako de nuit, on dort dans la case de passage. Je vois vos grands yeux interloqués ... non, ce n'est pas une maison close, mais juste l'auberge de jeunesse de l'asociation des Volontaires du Progrès (le statut de Mathieu et d'Aurélie, si vous avez suivi les épisodes précédents). Le dimanche, journée à Ngolonina, l'un des marchés d'arts et de tissus de Bamako, puis on colle Jean Paul dans l'avion et on se prépare pour une nouvelle grosse journée de route : Bamako - Mopti.
Là aussi, la route est magnifique, on traverse des petits villages entièrement construits en terre (en banco, plus précisément), avec leurs greniers ronds ou carrés, comme posés sur pilotis... de petites falaises, des étangs où viennent boire les troupeaux de vaches peuls... On arrive à Mopti sur les coups de 17h, Elisabeth, notre contact, nous attnd à l'entrée de la ville. Elisabeth, c'est une petite suisse d'un certain age mais super dynamique qui a pris sa retraite pour venir travailler bénévolement à Mopti et aider plusieurs associations locales à se développer et lancer des petits projets. Elle nous amène dans la cour de l'école où on va séjourner, et on y installe notre petit camping. Dès le lendemain, on commence à travailler le spectacle avec les 2 fils du directeur de l'école, Jean et Désiré pour l'anectote =o), échasses, travail du texte en bambara... Notre première représentation s'est tenue dans l'école (du CP à la 3ème) jeudi après midi. Des enfants un peu difficiles à cadrer, assez surexcités par les échasses et le reste, quelques plus grands dans le fond assez attentifs qui ont même fait quelques remplacements pour parler de solidarité envers les personnes séropositives. Mention spéciale au petit bonhomme de 6 ou 7 ans qui a conseillé à Adis d'aller voir le médecin pour l'aider à tenir tête au chef et rester dans le village ! Globalement, l'écoute était plutôt mauvaise, et nous terminons le spectacle aphone et sur les rotules. On a compris une chose : dans les villes, notre spectacle fonctionne mal ... à l'avenir, nous nous concentrerons sur les petits villages où on rencontre une attention extrèmement différente !






Aujourd'hui, c'était visite de Djenné ... normalement, les photos arrivent bientôt ! Une très belle ville toute en banco, construite autour d'une grande mosquée très imposante. On s'est baladé dans les petites ruelles, magnifique après midi !




Au programme de la suite (ce qui ne veut pas dire grand chose, je le conçois...), 3 semaines en pays Dogon, dans le village de Modo Bondo, dans la plaine du Bandiagara, pour former une troupe de théâtre de rue dogon et lui faire jouer notre spectacle adapté à leur culture ! Tout un projet en perspective ... j'espère que nous ne serons pas trop ridicules avec nos échasses, parce que les échasses ont déjà bien implantées dans la culture dogon, ils s'en servent pour des cérémonies religieuses ! Au moins, les initiations seront plus rapides ! Bon, par contre, en village dogon, c'est ni électricité, ni internet ! On essaiera quand même de revenir assez régulièrement à Bandiagara pour se connecter et donner des nouvelles. Donc pour répondre au commentaire d'Alice, nous serons là bas pour Noël et le Nouvel An, mais rassurez vous, on s'arrangera malgré tout pour se faire une petite fiesta !

La suite au prochain épisode.
Bisous de banco. Romain.

samedi 6 décembre 2008

Chutes de Felou contre chutes de santé

Bonjour tout le monde !

Voilà, ces quelques derniers jours ont été perturbés par des problèmes de santé touchant tous les membres de la troupe. Tous ? Non, rassurez vous, les bisous réfrigérés et autres fans, une ergothérapeute résiste encore et toujours à l'envahisseur microbien ! Nous avons donc dû annuler un spectacle matinal pour cause de nuit tumultueuse dans les méandres d'un hôpital de brousse, puis s'en est suivi 2 jours de repos et autres analyses de sang dans ce même hôpital pour vérifier qu'il n'y avait rien de bien grave. Finalement, nous terminons notre séjour kayesien par une après midi aux chutes de Felou, accompagnés par Anaïs, une photographe française quasi-installée au Mali, et Vanel et Mathieu, que vous connaissez déjà. Ce sont des chutes du fleuve Sénégal, où la roche a tellement été modelée par l'eau qu'elle ressemble à un décor en carton pâte type Disneyland. Les centaines de trous ciselés à la manière d'un orfèvre, l'eau fraîche recréant des petites cascades par endroits où le dénivelé est brusquement plus important, et le fleuve en fond, avec ses pêcheurs au grand filet et ses oiseaux noirs et blancs qui se reposent sur une pierre émergée... tout cela donnant à l'ensemble un goût de paradis... Après une petite balade en saute-rochers, nous arrivons près d'un coin d'ombre où nous installons notre quartier général. Et les plus courageux se dévêtent (ou pas) et gouttent à l'eau bleue-verte de notre piscine improvisée. On s'habitue vite à la fraîcheur de l'eau, et les rayons du soleil ont vite fait de se régler sur "séchage rapide" à la fin de la baignade. Quelques chants et slams au son du djembé, un court somme réparateur et il est l'heure de repartir, car malheureusement, la route pour rejoindre les chutes est assez accidentée, et il faut bien 1 heure pour parcourir les 12 km qui les séparent de Kayes.
A peine arrivés "à la maison", on récupère Annabelle qui avait préféré rester se reposer, et on amène directement Masseye à la gare. Tristes au revoir à notre Ara sénégalais qui nous a tellement aidé pendant notre passage au pays de la Teranga. Puis nous rentrons pour ranger nos affaires et faire une dernière sieste pour les ex-malades. La soirée d'adieu est très animée, avec en point d'orgue une initiation au crachage de feu qui avait pourtant commencé en bataille d'eau généralisée. Encore un petit souci d'ordre mécanique pour Joly qui me permet d'écrire ce message, et nous partirons pour Bamako dans l'heure à venir.

La suite au prochain épisode.

Bisous rafraichis (si, si, la fraîcheur commence à arriver !!). Romain.


mardi 2 décembre 2008

Le presqu'festival de Kayes

Bon, voilà 6 jours que nous sommes à Kayes, dans la belle maison d'Aurélie (Volontaire du Progès au Mali) et son copain péruvien Vanel, principal organisateur du festival du Théâtre des Réalités. Et ça fait environ 6 jours que les problèmes ont commencé pour ce festival ... En fait, les financements, environ 90 % du budget du festival, qui devaient arriver de Bamako, ne sont jamais arriver ... alors on a suivi la décomposition du festival au jour le jour : la déprogrammation de tous les artistes locaux (5 troupes), puis de finalement toutes les troupes, hormis nous. En fait, c'est que les 2 organisateurs du festival, Vanel et Mathieu, avaient déjà avancer une grosse somme d'argent, et voyant leurs espoirs de remboursement s'envoler, ils ont évidement décidé de ne plus verser 1 FCFA pour le festival ... Et comme nous ne coûtons rien avec notre théâtre de rue, on est les seuls rescapés !!!! Vous suivez ?
Alors dimanche soir dernier, la décision a été prise d'annuler le festival du théâtre des réalités. Et avec Mathieu, on a cherché des moyens de jouer malgré tout notre pièce "Vol AF1609 pour Dakar" sur l'immigration clandestine, et on a décroché 2 dates, une dans l'IFM de Kayes (Institut de Formation des Maîtres), et l'autre dans un lycée. Et notre 1ère, c'était aujourd'hui, à l'IFM. Un public très intéressant : des jeunes, avec une maîtrise parfaite du français, futurs éducateurs de jeunes qui rêveront - comme la majorité des jeunes ici - de partir du Mali pour rejoindre l'Eldorado européen. La pièce s'est très bien passée, puis Annabelle est intervenue comme Joker. Et on a assisté à 3 remplacements super intéressants, avec des arguments bien choisi allant à l'encontre de l'immigration. On était ravi !!
Normalement, on rejoue jeudi matin, et notre épopée festivalière s'achèvera là.
Ah, oui, petite chronique de santé. Kayes a été fatal au 3/4 de la troupe ARA. 2 touristas et 1 fatigue et fièvre pour Annabelle, Anne et moi ... alors que nous avons les meilleures conditions sanitaires depuis Marrakech ! Mais le show must go on, et je suis sûr que tout sera rentré dans l'ordre d'ici quelques jours.
Je vous avais aussi promis un scoop sur Joly ... le voilà ! Depuis Tambacounda, on trouvait que l'accélération était difficile, lente, peu de reprise ... Et ça s'est empirée sur la route vers Kayes. On a pourtant réussi à arriver jusqu'à la maison d'Aurélie et Vanel, mais une fois arrêté, impossible de faire bouger la voiture ! Et décidément, on a vraiment une chance incroyable. Après le premier pépin à Marrakech, après 2 semaines en brousse sans problème, l'embrayage lache à Kayes ! Eh bien le lendemain matin de notre arrivée, le garagiste fait le déplacement à la maison, démonte tout et nous sort le disque et le plateau d'embrayage usés, le lendemain, il m'emmène acheter les pièces de rechange, puis 3 mécanos s'activent jusqu'à midi pour tout remettre en ordre, et désormais, notre fidèle destrier est de nouveau comme neuf !!!
Voilà, j'ai fait à peu près le tour de tout ce qui se passait ici. Ah, oui, une dernière chose. On prépare un projet un peu particulier dans le pays dogon, que l'on va rejoindre d'ici 1 semaine. Je vous en dirais un peu plus dès que ça se sera un peu concrétisé !
Un dernier mot pour les parents et nos familles : MERCI pour tous les cadeaux de Noël, d'anniversaire et pour le ravitaillement !! Ca fait tellement plaisir !!!!! Merci encore !!!
La suite au prochain épisode.
Bisous repus. Romain.