dimanche 28 septembre 2008

Et c'est là que tout a commencé...

Waw ... que de choses à raconter depuis la dernière fois ! Au dernier message, nous étions à Dakhla, à l'extreme sud du Maroc, dans le Sahara Occidental, et aujourd'hui, je vous écris en direct live de Dakar, quartier Yarax (lire "ax" comme le "Ach !" allemand), dans un cyber où la connexion est très bonne, contrairement à ce qu'on avait imaginé ! Malheureusement, je n'ai pas emporté l'appareil photo avec moi, mais demain, on essayera de poster un article avec plein de photos !!

Alors, que s'est il passé depuis la dernière fois ??!! Ah, oui ! Les frontières !!! Que d'aventures !!! On se lève donc jeudi à 3h du mat, et on prend la route. La frontière est à 480 km de Dakhla. On arrive vers 8h30, la porte de la douane est encore fermée, ils n'ouvrent qu'à 9h. On attend, et pn commence à discuter avec les gens autour de nous, l'idée étant de rencontrer des habitués de la frontière pour 1- nous aider dans les formalités administratives et 2-, et c'est une spécificité de cette si particulière frontière Maroc / Mauritanie, trouver quelqu'un à suivre pour traverser le "No Man's Land" !! Tin tin tin ! L'attente est un peu longue, mais tout se passe bien, et l'on ne nous demande aucun bakchich ( NB : n'ayant aucune idée de l'orthographe de ce mot, j'en changerai à chaque occurence, peut être y en aura-t-il un de bien orthographié !). Vers 10h30, nous voilà sortie de la frontière côté Maroc, et nez à nez avec ce no man's land, cette étendue de sable et de pierres de 4 km de long, minée, jonchées de carcasses de voitures carbonisées dont on n'ose imaginer l'histoire, sous une chaleur accablante, et personne à l'horizon ... On attend un peu de voir si la voiture derrière nous démarre, mais elle tarde et de plus en plus de gens s'attroupent autour de Jolly pour nous proposer du change, un guide, et toutes sortes de choses ... La "piste", c'est à dire le chemin que toutes les voitures prennent pour traverser, est relativement bien visible par rapport au reste de la zone, on prend alors notre courage à 2 mains, et on s'élance ... doucement ! De toutes facons, la voie est beaucoup trop défoncée pour aller vite. Tout le monde est en alerte, vérifie qu'il y a bien des traces de pneus par terre ; dès qu'une voiture apparait au loin, on la suit des yeux pour enregistrer quel chemin elle prend ... Finalement, on aperçoit au loin 2 batiments surmontés d'un drapeau mauritanien ! Victoire !!! On s'en approche tranquillement, puis on passe un portail, on s'arrête et on souffle ! Rude épreuve pour les nerfs, même si on ne risquait vraiment pas grand chose, vue la quantité de voitures qui traversent chaque jour et empuntent cette piste ! La douane mauritanienne se passe plus rapidement que celle de son voisin du Maghreb. Mais juste avant de commencer la route pour Nouakchott, et certainement pour le folklore local, un douanier s'approche de nous et nous dit "il faut que je fouille la voiture, il faut tout vider" puis il me glisse discretement "on peut faire un arrangement, si tu me donnes 20 €, vous pouvez y aller" ... Le douanier devait avoir 23 ans à tout casser, et après une négociation collective très amusante, on s'en sort pour 40 Dirham (de toutes facons, ils ne nous servaient plus à rien) de bakshichs et 3 T shirts ! On roule 500 m puis un nouveau barrage de police. Surement pour la forme pensons-nous ... à tort ! Le type enturbanné regarde les papiers, mon permis, passeport, puis décide qu'il faut aller montrer ça au chef ... On rejoint donc la caserne à quelques centaines de metres, et là commence l'une des pires heures de ma vie. Les filles restent dans la camio et je suis l'officier. Les précieux papiers passent de mains en mains, jusqu'à arriver dans celles du soit-disant chef. Le pauvre vient de se réveiller, alors il prend 10 minutes pour émerger, puis m'amène dans une salle, me dit d'attendre là et disparait par une porte au fond de la pièce... et moi, je ne sais pas pourquoi j'attends ... des gens défilent dans cette pièce, j'essaye de me renseigner sur la situation, en vain ... La seule information que j'arrive à obtenir, c'est que le "chef" est en train de ... se soulager ! 20 min plus tard, vidé et propre (il en a profité pour prendre une douche), il réapparait ... et refuse de m'expliquer le probleme ! C'est dur, j'essaye d'expliquer qu'il faut qu'on arrive à Nouakchott avant la nuit, mais ça le fait plutôt rigoler ... Et puis tout d'un coup, un autre officier prend les parpiers, me les donne et s'excuse même du désagrément causé ! J'étais sidéré. Je prends les papiers, rejoins la voiture en courant, et on déguerpit rapidement. Je suis littéralement dégouté par les gens que je viens de rencontrer ... On trace la route jusqu'à Nouakchott, puis on retrouve Aminata Sy. C'est la présidente d'une troupe de théâtre amie de notre partenaire sénégalais. Elle nous fait passer une très agréable soirée, nous dormons à la belle étoile, sur le toit, dans ce quartier populaire de Nouakchott, ravis de trouver du réconfort après cette difficile journée.

Le lendemain, 6h, tout le monde se lève pour prendre la route vers Rosso : c'est le poste frontière entre la Mauritanie et le Sénégal. Là, on a un contact d'un facilitateur qui va nous aider à faire toutes les formalités de police et douane dans les 2 pays. On arrive à Rosso vers 10h30 et on retrouve Abdoul (c'est son petit nom). Il prend tous les papiers nécessaires, et 10 min plus tard, nous quittons la Mauritanie sur le bac qui traverse le fleuve Sénégal, allégés de 10 000 FCFA (alors, 1€ = 650 FCFA, et pour les vieux, 1 Franc = 100 FCFA). Puis on débarque enfin sur notre terre promise, après 12 jours de traversée, et on attend Abdoul, qui revient, 1h plus tard en nous annoncant que tout était réglé !!! Nous sommes super content de ce passage de frontière, mais les premiers contacts avec le Sénégal sont assez perturbants ... les enfants nous assaillent pour nous demander des cadeaux ou de l'argent, les gens passent à côté de nous et lancent un méprisant "Toubab !" ... On se remet en route pour Saint Louis, puis Dakar. Et arrivé tout près de la capitale, on tombe dans un embouteillage qui nous retiendra pendant 1h30 !! Heureusement, on ne perd pas patience, et après quelques petits coup de fil de localisation à Diol, le président de Kaddu Yaraax, notre partenaire à Dakar, nous arrivons à bon port, exténués !!!
Le quartier est très populaire, des chèvres dans la rue sableuse, des coins "vide-ordures", des maisons rudimentaires... On est chaleureusement accueillis par plusieurs membres de l'association, on fait connaissance avec un peu tout le monde, avec des stagiaires venant de pologne, allemagne et suisse aussi, on se lave (à la bassine, évidement !), on nous offre un bon repas à manger "à la main" ... On est bien, et c'est un vrai bonheur de se dire que l'on ne doit pas se lever tôt le lendemain pour faire 800 km de route !!!! A 2h du matin, Anne et moi accompagnons Pape (une célébrité, champion de lutte sénégalaise et récent mari de Christine, notre prof de théâtre forum) à l'aéroport pour aller justement chercher Christine. Quand on revient aux locaux de l'association à 4h, tout le monde s'est endormi et nos couches et moustiquaires sont installées. On se couche donc, et on essaye de s'endormir rapidement malgré la chaleur ... Réveil en sursaut dans la nuit par la visite impromptue d'un ami du quartier, que j'ai identifié au contact de ses pattes arrières comme étant vraissemblablement un rat, qui avait décidé de manger notre moustiquaire pour y faier un petit tour de reconnaissance.

On se lève tant bien que mal vers 9h, et à 13h, Bruno, le stagiaire suisse, nous propose d'aller faire un tour en ville ! Là encore, expérience difficile ! On est assailli de gens qui nous proposent tout et n'importe quoi, allant de la carte de téléphone à la sempiternelle demande en mariage ... On rentre vers 17h, et je profite d'un temps mort pour aller découvrir le cyber du quartier ! Voilà, vous savez tout !

Pour ce qui est du commencement du projet, nous sommes en train de faire fabriquer les costumes (le tailleur habite à 2 maisons de Kaddu, notre association), il nous reste à répeter le spectacle avec les nouveaux comédiens et peindre nos décors ... On espère avoir terminé tout ca d'ici dimanche prochain pour pouvoir rendre visite au premier village la semaine prochaine ! Mais le rythme de la vie et des activités ici est très calme ... comme dit le proverbe "Ndank, ndank", c'est à dire "doucement, doucement" ... car tout va doucement, et encore plus en cette période de Ramadan !

La suite au prochain épisode.

Faunenala (Bisous sénégalais). Romain.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

En voilà de l'aventure, que du bonheur après de forte émotion. Bonne continuation à vous tous.
bisous sucyciens.
papa et maman émi

Anonyme a dit…

Quel plaisir de vous savoir enfin arrivés et en bonne santé ! Surtout de savoir que vous n'avez pas laissé Emilie en gage aux douaniers ( puisque c'est elle la plus réclamée !!!).
Non, sans blague, vous vous rendez compte que vous venez de faire Paris-dakar les doigts dans le nez ??????
Allez, j'éponge mes sueurs froides et je vais dormir.
Romain, as-tu reçu ton livre de walof ?????si non, il est en route!
gros bisous à vous 4, les aventuriers !!!!!

Anonyme a dit…

super nouvelles, quelle chance de vous savoir arrivés au Sénégal.L'épisode du rat me fait un peu frissonner mais pour des aventuriers comme vous, je sais bien que ce n'est rien.
Abientôt pour de nouveaux récits et bisous Josiane

Anonyme a dit…

Salut les acteurs !
Ravie de voir que vous avez traversé la Mauritanie sans encombre :-)
Et encore plus ravie de lire votre blog, si bien fait.
Bonne route à vous et viele Grüsse pour Anne.

Tancrède Rubin a dit…

Episode surréaliste quand il est lu depuis sa chambre à Centrale °° Bonne chance, courage et bonheur pour la suite des aventures...

Anonyme a dit…

3 premières et la dernière photos sont magnifiques, la 4ème rien de partticulier mais la 5ème c'est hyper flippant.....ravie que vous ayez passé tout ça sans encombre!!
gros bisous