vendredi 28 novembre 2008

Tamba, Kédougou, Kayes ...

Voilà, je suis assis à la table en bois, sur la terrasse de la maison où nous sommes hébergés à Kayes, Mali. L'ordinateur portable de la maison est branché en wifi, haut débit. Les lits sont grands et presque confortable, la douche est bonne, les toilettes ont une chasse d'eau, la cuisine un frigo et un congélateur ... autant vous dire que ça nous fait très bizarre mais que c'est finalement bien agréable !
Donc, allons-y pour le récit de ces derniers jours ...
Après ce séjour mémorable près de Kaolack, on arrive donc à Tamba, plutôt épuisé. La route qui relie les 2 villes est très mauvaise, très très poussièreuse ... si bien qu'on a gratuitement repeint Joly en rouge terre ! On rencontre rapidement la troupe de jeunes qui va travailler avec nous, ils sont presque tous lycéens, entre 18 et 24 ans, et adorent chanter, danser et déconner ! On en embauche 6 d'entre eux pour participer au spectacle, notre record de tout le Sénégal !! Et le soir, on rejoint le village de Dar el Salam. L'accueil y est froid, quasi glacial ... on ne comprend pas tout ... on nous parle du spectacle du soir qui aurait du commencer plus tôt mais qui a été retardé à cause de nous, on se sent extrèmement mal à l'aise ... On nous demande dans la foulée de faire un petit spectacle de bienvenue en 1ère partie du spectacle de monstres ... alors on décide d'improviser une scène de crachage de feu, seule chose qu'on pouvait faire de nuit devant un public de villageois parlant peul ou bambara ! Vers 22h, on nous guide vers l'endoroit du spectacle, et notre malaise monte d'un cran quand on voit la foule de gens, plusieurs centaines de personnes, déjà en place et attendant le début de la cérémonie. On se fraye un chemin et on s'installe sur 2 bancs d'école qu'on nous avait réservé. Annabelle et moi nous brieffons rapidement pour la scène de feu, et on entre dans le cercle. Quelques minutes plus tard, c'est terminé, les gens ont été apparement impressionnés, et nous, même, n'en revenons pas de l'osmose qu'on a trouvé pendant ces quelques instants ! Puis les "masques" arrivent... Ce ne sont pas vraiment des masques mais plutôt des représentations d'animaux sous lesquels doivent se trouver 1 ou 2 villageois pour les animer. Ces peluches géantes faites de tissus, paille, et tout un tas de matériaux non identifiés bougent, sautent, dansent et jouent avec le public au rythme de la musique. C'est très particulier ... personne ne nous explique ce qui se passe vraiment, mais les gens devant nous hurlent et rentrent presque en transe quand l'animal les approche. Les animaux rentrent 1 par 1 puis ressortent, et après 1h30, les djembés se taisent et le public brise le cercle pour chacun rentrer dans sa case.
Les jours suivants sont divisés entre répétitions avec les jeunes de Tamba, initiations aux échasses et jonglage des villageois et enfin écriture et répétition de notre nouveau spectacle "vol AF1609 pour Dakar" qu'on jouera au festival du théâtre des réalités de Kayes.
Mardi, c'est le jour du spectacle. Et comme la nuit tombe tôt et qu'il n'y a pas de courant dans le village, on est forcé de jouer en milieu d'après midi. Alors le public est peu dense et met du temps à s'installer. On commence tout de même ... mais il y a peu d'énergie de la part des comédiens, et encore moins de la part de nos spect-acteurs qui ont failli ne pas participer au forum ! En fait, ils semblaient ne rien comprendre à ce qu'on disait, que ce soit en français, en wolof, en bambara ou en poular (parce que certains jeunes de Tamba parlaient ces 2 dernières langues !) On passe sur les foirages pendant les scènes de jongle, ce spectacle ne restera pas dans les annales... Le soir, initiation feu, les jeunes se débrouillent pas mal, quelques villageois tentent aussi l'expérience avec succès, puis les griots se mettent en place et on nous organise un petit sabbakh privé à la lueur d'un feu de bois. Ce n'était effectivement rien qu'un feu de bois, mais il nous a chauffé le coeur, et dans notre âme, il brûle encore à la manière du soleil de Kayes, et putain, il brûle, le soleil de Kayes ...
On quitte le village mercredi matin de très bonne heure. Petite nostalgie du village, mais pas tant que ca parce qu'on a pas vraiment eu le temps de se lier aux villageois ... entre les répétitions du spectacle d'Adis et la nouvelle pièce, on est le plus souvent resté entre nous. Bon, programme de la journée : découverte des chutes de Dindefelo, à 35 km de Kédougou, elle même à 250 km de Tamba. Et pour rejoindre Kédougou, on traverse d'abord le parc de Niokolo Koba, plus belle réserve naturelle de l'Afrique de l'Ouest. La route est très belle, le cadre sympa, on croise 2 ou 3 singes et 3h plus tard, on arrive à Kédougou où on commence à chercher une banque car on est complètement à sec d'argent et d'essence ... et on nous explique que la banque la plus proche est à Tamba ... la blague ... On parvient à faire changer un billet de 20€ qu'il nous restait en FCFA, on achète un peu d'essence et on s'enfonce vers les chutes. Tout le monde nous dit qu'il faut louer un 4x4, mais nous on fait confiance à notre brave Joly et on y va ! La route n'est pas si accidentée et les paysages magnifiques. Au bout de quelques minutes de pistes, on croise un couple de peuls qui nous indiquent la route. On quitte alors la piste et on s'enfonce au milieu de nul part. Là, ça commence à être mouvementé ! On croise 2 bergers, on roule une demie-heure, pas de cascade, pas de montagne en vue, il se fait déjà tard ... Alors on décide de rebrousser chemin, tant pis pour les chutes ! On reste sur notre faim ... euh soif de baignade mais sur le retour, en traversant le fleuve "Gambie", on a tous la même idée ! On se gare et hop ! tous à l'eau !! L'eau est bonne, le courant un peu fort, alors on s'accroche aux pierres ... c'est trop agréable ! On y reste une bonne heure, puis on repart. Il est aux environs de 17h, le soleil est en train de descendre, c'est l'heure où les animaux sortent ... et effectivement, on est arrêté 2 fois par des babouins aux fesses roses qui tenaient un sitting au milieu de la route. On en aperçoit d'autres, par dizaines, regroupés non loin de la route, en clan, assis dans la brousse ... Plus tard, on passe par le poste du garde national. On discute 2 minutes, puis celui-ci nous affirme que si on descend de la voiture, tous les singes approcheront ... Alors on s'arme de biscotes et on descend ... et en 3 minutes, 6 singes verts (http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Photo_singe_vert_grand.jpg) s'approchent de nous. On leur tend des morceaux de biscotes et eux viennent les prendre dans nos mains ! On s'extasie devant ces animaux extraordinaires pendant une bonne demie heure, puis on repart. On arrive à Tamba vers 20h, et niveau essence, on est dans la réserve depuis 20 minutes. On rejoint le centre culturel où on passera la nuit. On dit au revoir à nos jeunes comédiens, puis on se couche exténués.
Jeudi, c'est le jour du grand départ. Fini le Sénégal... c'était pourtant sympa !
Ce qu'on ne regrettera pas :
- la chaleur ... surtout en allant vers Tamba
- le Thiebu Dien ... riz au poisson tous les midis, dur ...
- les routes défoncées ... Joly a des fois vraiment morflé !
- les "Toubabs Cadeaux !" entendu des dizaines de fois par jour !
Ce qu'on regrettera :
- la chaleur ... au Mali c'est pire !
- la Teranga sénégalaise ... c'est vraiment un pays hospitalier
- le ChocoPain, un trip entre nous ... c'est une affiche de pub qu'on a souvent croisée, où un rasta, d'un air de faire "yo, men !" avec ses 2 index, annonce "Chocopain : Y'a pas mieux dans ton pain" ... chapeau le slogan !
- le wolof ! C'est juste au moment où on commençait à pouvoir dire quelques mots en wolof qu'il faut abandonner cette langue pour le bambara !
La route vers Kidira, ville frontière, est très bonne, et on passe la frontière sans aucun problème, on évitera même un bakchich de 2000 FCFA demandé par la police juste avant de partir. Ils me disent "Il faut aussi payer 2000 F", je réponds "Vous avez une facture, parce que nous on doit tout justifier avec des factures", il renchérit "Tu payes et c'est tout" et rajoute "Tu comprends ?" ... Finalement, je les entourloupe et ils nous laissent partir. Et on arrive à Kayes vers 17h.
Ici, on loge chez Vanel, le co-organisateur du festival. La maison est géniale : grande, tout confort ... parfaite pour se reposer un peu avant de réattaquer le travail à Mopti et en brousse. Pendant le festival, on joue tous les soirs, et notre première, c'est demain à 19h30.
Voilà, je me suis bien rattrapé, j'espère que la lecture a été bonne !
La suite au prochain épisode.
Bisous de luxe. Romain.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme c'est agréable de voir que vous êtes bien installés avant de nouvelles aventures plus pimentées.
Profitez bien de ces bons moments et en plus le ravitaillement arrive...
Les paysages ont l'air magnifiques, cela nous fait presque regretter de ne pas accompagner Jean-Paul.
Bisous hivernaux François et Josiane

Anonyme a dit…

ah, oui, ça, on regrette!!!! quand je pense qu'il va avoir le droit au luxe !!!!! C'était passionnant, ce récit! et puis, ça nous a manqué! allez, je suis sure que tout ira très bien au mali, bonne chance pour le festival!
bisous italiens